Saint-Barthélémy
vendredi 12 octobre 2012, par Jean-Marie Gustave
Ne cherchez pas la plage, touristes en maraude de curiosités, elle n’existe que dans le nom et peut-être sous les pavés. Ici triment les dockers, pêcheurs, navigateurs, tueurs-dépeceurs aux abattoirs tout proches. Les abattoirs ne pouvaient se trouver sur le Vieux-Port ou sur les allées du Prado. Ils devaient être greffés sous cette latitude du nord marseillais. Avec les abattoirs, toute une flopée d’entreprises exerçaient dans le coin : les tanneries, l’usine d’équarrissage, les bassins de décantation. Sur le front de mer, les entreprises de conserves et de poissonnerie. L’été, l’odeur y était insoutenable, et le passant s’activait à franchir ces frontières nauséeuses. Nous nous étions habitués. Partout l’odeur. Elle finissait par être imperceptible à notre odorat déjà sapé par les émanations de l’usine Kuhlmann toute proche. Croyez-vous que ce ne soit là que la description de temps anciens ? Aujourd’hui encore, Marseille c’est d’abord une odeur.
Charlie Bauer, Fractures d’une vie, Seuil, 1990, rééd. Agone, 2004.
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